Quand il n’était que mon amant
Mon dieu comme il était charmant.
Mais depuis qu’il est mon mari,
Il est un peu moins gentil.
Quand il n’était que mon amant
Il avait des baisers troublants
De ces baisers plein de passion
Qui vous coupe la respiration,
Qui vous coupe tout, vous voyez ça ?
Aujourd’hui si j’ose tenter
Le plus innocent des baisers
Il s’essuie d’un revers de la main
« Tu m’as mis du rouge ! C’est malin ! »
Ah ! Depuis qu’il est mon mari
Il est un peu moins gentil….
Quand il n’était que mon amant
Pour m’appeler très tendrement
Il trouvait toujours quelque chose
Il disait « Dis-moi mon pigeon rose »
Ou mon canard bleu, oui, mais maintenant
Il a changé c’est évident :
Y a plus de pigeon, plus de canard,
Plus de bleu, plus de rose
Et mon prénom, je crois qu’il l’a oublié
Quand il veut m’appeler, il fait « Hé ! »
Ah ! Depuis qu’il est mon mari
Il est un peu moins gentil….
Quand il n’était que mon amant
Il m’invitait toujours au restaurant.
Les meilleurs plats, les meilleurs vins
Rien n’était trop beau pour moi.
Maintenant je fais la cuisine moi-même,
Je varie les plats à l’extrême.
A chaque nouveau plat succulent
J’attends qu’il goute le cœur battant.
« Chéri, qu’en dis-tu ? C’est nouveau »
« J’en dis rien, c’est jamais que du veau ! »
Ah ! Depuis qu’il est mon mari
Il est un peu moins gentil….
Quand il n’était que mon amant
Ma fête, c’était tout un événement.
Jamais il n’aurait oublié
De gentiment me la souhaiter.
Il me comblait de cadeaux
Evidement c’était trop beau
Aujourd’hui si je dis « c’est ma fête »
Il fait « Encore tu exagères
C’était déjà l’année dernière ! »
Ah ! Depuis qu’il est mon mari
Il est un peu moins gentil….
Quand il n’était que mon amant
Il était tendre prévenant.
Si nous promenant d’aventure
Je tordais un peu ma chaussure
De suite il se précipitait
« Tu t’es fait mal mon petit poulet ? »
Aujourd’hui le même accident
M’attire ces propos galants :
« Enfin tu es extraordinaire !
Tu passes ton temps à te foutre par terre ! »
Ah ! Depuis qu’il est mon mari
Il est un peu moins gentil….
Quand il n’était que mon amant
Mon dieu qu’il était donc charmant
Et j’ai cru que ça allait durer
Alors je l’ai épousé
Si j’avais su évidemment….
Mais voilà, on ne sait pas avant
Si je n’étais pas sure que c’est lui
Je ne le reconnaîtrais pas aujourd’hui.
J’aimerai retrouver toutes ces caresses,
Et tous ces mots plein de tendresse,
Et je les ai retrouvés, sans blague
Vraiment
Car depuis hier… J’ai un amant !
Anne Marie Carrière
Merci Cécile de partager avec nous ce poéme.